Les investisseurs étrangers s’intéressent aux condos à Montréal
La part des copropriétés neuves acquises par des intérêts étrangers a connu une augmentation notable ces dernières années au centre-ville de Montréal, expliquant en partie la vitalité actuelle de marché immobilier.
Les experts questionnés pour cet article sont unanimes : les acheteurs investisseurs étrangers sont en croissance à Montréal, particulièrement la clientèle chinoise dans l’arrondissement Ville-Marie. « C’est l’année la plus forte jamais enregistrée. Une véritable explosion ! » remarque Vincent Shirley, directeur, services-conseils, développement immobilier et terrain, au Groupe Altus. Le climat socio-économique québécois, et particulièrement à Montréal, met les investisseurs en appétit. À l’échelle du Grand Montréal, les acheteurs non domiciliés au Canada ne représentaient que 2,6% pour les trois premiers trimestres de 2018, mais ce pourcentage monte à 11,9% dans l’arrondissement de Ville-Marie, alors qu’il était que de 6,4% il y a deux ans.
Intérêts économiques
Gilles Ouellet, consultant en marketing immobilier réalise différentes études de marché pour les promoteurs sur l’état de santé du marché immobilier montréalais, notamment pour les projets d’envergure en vente au centre-ville: «Nous avons actuellement un marché d’investisseurs. Les investisseurs étrangers achètent à Montréal après avoir été évincés de Toronto et de Vancouver en raison de la surtaxe. On a dix ans de retard par rapport à Vancouver ou Toronto.» Selon M. Ouellet, l’investisseur peut espérer un rendement de 100% sur l’achat d’une copropriété après trois ans.
Qui sont-ils?
Les Américains, les Français et les Chinois sont les principaux groupes d’acheteurs étrangers sur le marché immobilier du Québec. Alexandra Serafini, directrice, Vente & Développement de Produit, chez Dev MgGill rencontre cette clientèle internationale avec les ventes et la promotion du projet Humaniti. Elle identifie trois catégories d’acheteurs étrangers : « des familles qui sont attirées par la qualité de nos universités, une clientèle aisée qui recherche un pied-à-terre à Montréal et enfin, des acheteurs d’origine canadienne qui travaillent et vivent à l’étranger et désirent un condo au centre-ville avec services d’hôtellerie. » Selon Patrice Groleau courtier spécialisé dans les secteurs du centre-ville et propriétaire des agences immobilières Engel & Völkers et McGill Immobilier, Montréal jouit d’une réputation très enviable auprès des Chinois, mais aussi dans les pays de la Francophonie et dans les pays arabes : « C’est le canadian dream, le Boston du Canada avec ses bonnes universités, de bons restaurants et une ville considérée plus écologique, dans le courant scandinave. »
Portrait des acheteurs chinois
C’est la part des résidents chinois qui est en constante augmentation et sera en tête des acheteurs pour 2018, selon l’économiste Janie Fontaine, de JLR Solutions foncières. L’économiste tempère toutefois : « Même si les investisseurs étrangers sont en croissance, leur présence demeure relativement faible. » Patrice Groleau emploie huit courtiers d’origine chinoise. Selon lui, ce sont les attraits de Montréal qui attirent les Chinois: « Ils choisissent la métropole pour la qualité de l’air, la stabilité politique, les espaces verts, le bas taux de chômage. » Les Chinois accordent une grande importance au fait d’être propriétaire, alors que ce n’est pas vraiment possible dans leur pays, ajoute M. Groleau : « Ils acquièrent un domicile dans le but de venir s’établir à Montréal, ce n’est pas de la spéculation, mais un processus migratoire. »
Surenchère?
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) s’intéresse depuis quelques années à la présence des étrangers à Montréal. Selon l’économiste Francis Cortellino, le pourcentage estimé d’acheteurs hors Canada est évalué à partir de l’adresse inscrite dans les actes notariés, ce qui laisse supposer une plus grande présence réelle des acheteurs étrangers, en considérant ceux qui transitent par une entreprise, par exemple. Les experts de la SCHL se sont aussi penchés sur la possibilité que ces nouveaux joueurs exercent une pression à la hausse sur le marché. Les économistes ont mesuré deux indicateurs : le prix demandé par rapport au prix de vente et la proportion des achats au prix supérieur au prix demandé. Dans un cas comme dans l’autre, « les acheteurs étrangers ne paient pas plus cher que les locaux », conclut l’économiste.
Source: Les Affaires
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